les liens de l'esprit - chapitre 3

Publié le par shadeikin

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Chapitre 3 : première journée

 

Lliane entra dans sa salle de cours où quelques élèves étaient déjà présents, tandis que Rémus repartait pour aller ouvrir son échoppe. Elle fit signe à Rémi de rester à côté d’elle près de son bureau derrière lequel un grand tableau noir occupait toute la largeur de la pièce.

Les tables des élèves formaient un demi-cercle sur plusieurs rangées au centre duquel se tenait le bureau de Lliane. L’espace laissé à l’intérieur était suffisamment large pour que plusieurs personnes puissent venir présenter leur travail.

Au fond de la salle, des armoires et des coffres contenaient toutes sortes de bois, métaux, armes, outils, pierres, encres, peintures, tissus, parfaitement rangés et étiquetés.

             Pendant que Lliane parcourait ses notes de cours en caressant Mira, qui s’était perchée sur ses genoux, en attendant le début de l’heure. Rémi regarda autour de lui les jeunes gens présents qui le regardaient avec des questions plein les yeux.

Il reconnut plusieurs personnes, car elles étaient « présentes » sur le forum :

Miyako Akai, Luna Lin, une ange déchue ayant du sang de démon aux longs cheveux bleus et aux yeux oranges ; Karan Arfëus, une hybride mi-méduse, mi-phénix avec ses cheveux en serpents et ses yeux émeraudes de sa forme de méduse. Hely Hajon, un mort dont le corps d’emprunt à ce moment était un grand jeune homme de 17 ans aux cheveux mi-longs noirs et aux yeux clairs. Evangelle Wisper, une mi-humaine, mi-zombie aux yeux rubis à l’expression froide, sa peau était très blanche et ses cheveux longs et argentés. Et enfin Iris Karell, une demie-fée aux yeux émeraude et aux cheveux châtains attachés en couettes qui se dandinait sur sa chaise comme une gamine impatiente et regardant alternativement Rémi et Lliane.

             Quelques élèves entrèrent encore et discutèrent jusqu’à ce que la sonnerie de début de cours retentisse et que Lliane se lève, signe que le cours commençait. L’enseignante parcourut rapidement son trombinoscope pour vérifier que tout le monde était présent puis présenta Rémi à l‘assemblée.

 

_Lliane : Bonjour tout le monde, avant de commencer, je vous présente Rémi. Nous l’accueillerons à l’école quelques temps. Faites-lui bon accueil.

 

             Iris se leva d’un bond, comme un diable à ressort surgissant brutalement de sa boîte et parla rapidement telle une gamine hystérique.

 

_Iris : Bonjour le nouveau ! Je suis sûre que tout le monde est super content ! Mademoiselle, pourquoi est-il là ? Et de quelle race est-il ? A quels cours va-t-il participer ? Il…

_Lliane : Calme-toi Iris… Il est en quelques sortes le protégé de Rémus. Il assistera  à certains cours et aidera Rémus dans son travail d’apothicaire. Il n’y a rien d’autre à dire, nos races n’ont aucune importance ici.

_Iris : Ok mademoiselle !

_Lliane : Merci Iris, assieds-toi s’il te plaît. Toi aussi Rémi, tu peux te trouver une place. Pendant ce temps, sortez les amulettes que je vous ai demandé de fabriquer.

 

             Rémi alla prendre place, tandis que les élèves sortaient des pendentifs et colliers de formes, couleurs et matériaux divers.

Lliane passa dans les rangs en examinant sommairement les réalisations d’élèves aux regards fuyants. Elle prit dans ses mains un collier composé d’une toute petite tablette de bois d’if verni et gravé de runes avec d’élégantes cordelettes tressées de la couleur du bois de chaque côté et muni d’un fermoir en onyx noir. L’élève nerveux expliqua à son professeur ce qu’il avait voulu faire et sembla soulagé quand elle lui rendit son œuvre en lui faisant un commentaire positif, mais surtout sans l’envoyer la présenter devant tout le monde.

Lliane continua à avancer dans les rangs, s’arrêta à la table d’Hely et lui demanda d’aller présenter son travail. Le jeune homme se leva et se dirigea vers le centre du demi-cercle tandis que Lliane retournait à son bureau.

Hely brandit devant l’assemblée un médaillon ovale d’un beau vert gravé d’une unique rune.

 

_Hely : Mon médaillon est en argent entièrement recouvert d’émeraude pour renforcer l’effet de la rune Os qui y est gravée. J’ai également placé à l’intérieur une belle de nuit séchée et un fragment de frêne pour ajouter à son efficacité. Ce pendentif permettra à son porteur d’avoir les idées plus claires et de mieux retrouver ses connaissances pendant un examen ou un entretien par exemple.

_Lliane : Merci Hely, tu peux te rasseoir… Il vous a donné un parfait exemple d’amulette. Entre les mains d’un simple humain, elle aura l’effet qu’il vous a décrit. Mais si une créature magique arrive à lui donner l’énergie adéquate, elle pourra avoir accès à des connaissances qu’elle n’avait pas à la base. C’est pourquoi vous pouvez être sûrs que je vérifierai que vous n’aurez rien de ce genre sur vous lors des examens..

 

             Elle sourit à ses élèves et leva le bras vers le fond de la salle d’où disparut une caisse qui vint se poser devant les tables. Lliane se leva pour aller l’ouvrir et en sortit un morceau de métal rectangulaire de cinq centimètres d’épaisseur, posé au-dessus d’une multitude d’armes.

Elle posa ensuite la main au sol. Un cercle de runes apparut autour d’elle, faisant sortir deux petits piliers de pierre d’un mètre de haut devant la jeune femme. Elle posa par-dessus le morceau de métal.

 

_Lliane : Nous avons déjà vu que les runes peuvent renforcer des armes ou leur donner de nouvelles capacités. Il est temps de mettre ça en pratique ; prenez chacun une arme dans le coffre et faites en sorte qu’elle puisse briser ou trancher ce métal.

 

             Perplexes, les élèves se levèrent et allèrent chercher une arme. Le voisin de Rémi prit un katana et commença à chercher à l’aide de ses notes de cours un moyen de faire le travail. Rémi chercha avec lui tout en regardant les personnes qu’il connaissait. Luna s’afféra à graver des runes avec ses ongles sur une masse d’arme qui paraissait énorme pour ses mains frêles ; Miyako utilisait ses pouvoirs de feu pour creuser ses symboles sur une lourde épée à deux mains ; Karan utilisait les crocs des serpents de sa chevelure sur des poings américains. Conformément à sa discrétion habituelle, Hely avait pris une dague elfique. Evangelle avait, quant à elle, jeté son dévolu sur une grande hache à double tranchant tandis qu’Iris s’agitait en feuilletant ses cours et en donnant vie à des ciseaux à métal qui allaient graver les runes sur des nunchakus.

Rémi feuilletait les cours en se disant que Shad aurait sûrement aimé être avec eux, étant donné qu’elle avait fait des recherches pour pouvoir incarner son personnage sur le forum. Ils finirent par trouver une solution à leur problème et l’élève parvint à faire apparaître des runes sur la lame de son katana à l’aide d’une étrange lumière violette.

             Lliane passait entre les rangs, prodiguant divers conseils, puis se décida à leur demander un test pratique. Les élèves se levèrent les uns après les autres à l’appel de leur nom. Les démonstrations furent plus ou moins concluantes. Certains ne faisaient qu’entailler ou cabosser la plaque de métal alors que d’autres la tranchaient net ou la réduisaient en miette, forçant Lliane à la reconstituer entre chaque élève.

Une fois tous les élèves passés, Lliane commença un nouveau chapitre de leur cours.

 

_Lliane : Nous avons maintenant pas mal manipulé les runes en les liant à des objets, comme aurait pu le faire n’importe quel humain et nous avons également vu comment leur insuffler notre propre pouvoir  pour renforcer l’efficacité de ces objets. Nous allons maintenant apprendre à les invoquer sans support matériel. Cela va nous prendre un certain temps et nécessite de la pratique.

 

             Elle se retourna alors vers le tableau et commença à faire un résumé sur les différentes façons de faire apparaître les runes et les conditions à réunir, agrémentant ses descriptions de schémas montrant les formes que pouvaient prendre les invocations et insistant sur les signes de disfonctionnements possibles, importants à reconnaître pour pouvoir stopper la manœuvre à temps avant de perdre le contrôle de la magie.

La fin de l’heure approchant à grands pas, elle distribua aux élèves un polycopié contenant des exemples d’usages des runes sans support ainsi qu’une liste de livres de références pour les aider. Les images, magiquement animées, du polycopié pouvaient représenter soit Lliane soit d’autres sorciers ou créatures magiques à l’œuvre. Alors que la cloche sonnait, elle leur donna comme devoir de choisir un des exemples du polycopié et de tenter de le reproduire pour le prochain cours.

             Les élèves rangèrent leurs affaires à la hâte et sortirent. Lliane décida alors de confier Rémi au professeur de magie élémentaire dont le cours allait commencer.

_Seichiro : Cette bibliothèque manque d’ouvrages sur les simples humains…

_Sébastien : Ce livre parle des passages interdimensionnels…

 

             Après deux heures de recherches dans la bibliothèque, le vampire et son protégé n’avaient pas trouvé d’éléments susceptibles de les aider à mieux comprendre ce qu’il s’était passé lors du rituel ou comment atteindre précisément la dimension d’où venaient Shad, Rémi et Sébastien. Cependant, le volume que Sébastien tenait à présent entre ses mains éveilla l’intérêt de Seichiro.

 

_Seichiro : Parle-t-il d’un moyen d’envoyer les humains à un endroit précis ?

_Sébastien : Apparemment il dit que les humains peuvent emprunter les voies ouvertes par des êtres magiques et qu’il y a des théories humaines qui permettraient, s’ils arrivent un jour à les mettre en œuvre, de voyager d’une dimension à une autre.

_Seichiro : En clair ils ne disent rien que l’on ne sache déjà… Ils ne précisent pas si un humain peut se diriger vers un univers précis ?

_Sébastien : Ben… Non… D’après ce livre, dans l’état actuel de vos connaissances, il faut absolument que, parmi les personnes qui ouvrent un passage, au moins une connaisse ce monde et possède des pouvoirs.

 

             Le vampire ferma d’un geste sec le volume qu’il avait gardé en mains et se tint le menton, pris dans une intense réflexion.

 

_Seichiro : Donc il faut absolument vous donner des pouvoirs… Même temporairement… Je vais me renseigner, range tout ça en attendant.

 

             Le vampire désigna la montagne de livres qu’ils avaient accumulée pendant ces deux heures avant de laisser Sébastien faire le travail tandis qu’il allait voir la bibliothécaire, une jeune fille brune aux cheveux courts et timide, qui rougit jusqu’aux oreilles quand Seichiro vint lui parler.

 

_Seichiro : Bonjour mademoiselle… J’aurais besoin de trouver un livre traitant de la possibilité pour des humains d’acquérir des pouvoirs magiques.

_Bibliothécaire : Euh… Oui… Bonjour, euhhhh… Bien sûr, je vais faire une recherche…

 

             La jeune fille pianota sur son ordinateur quelques mots clés dans le logiciel de recherche de la bibliothèque. Seichiro prenait un malin plaisir à lui faire son plus beau sourire, ce qui avait pour effet de la déstabiliser, l’obligeant à s’y reprendre à trois reprises avant d’écrire correctement sa recherche.

Elle parvint tout de même, au bout de cinq minutes, à trouver un ouvrage qui lui semblait pertinent et indiqua sa position à Seichiro. Ce dernier revint auprès de Sébastien, qui rangeait ses deux derniers livres, tout en feuilletant un gros volume intitulé : « Les humains et le monde magique ».

 

_Sébastien : Avez-vous trouvé quelque chose ?

_Seichiro : Parmi tous les exemples de pseudo magie dont parle ce livre, j’ai trouvé une recette de potion qui permet de donner des pouvoirs à un humain pendant quelques heures, moyennant un peu de sang d’une créature magique et divers autres ingrédients. Elle demande deux bonnes heures de préparation, mais elle ne devrait pas être trop compliquée à réaliser…

_Sébastien : C’est impeccable ! Vous pourrez alors faire le rituel adéquat et nous, nous orienterons le vortex !

_Seichiro : Certes… Mais il y a une façon bien plus simple pour un humain d’obtenir des pouvoirs…

 

             Le vampire se rapprocha de Sébastien et lui parla à l’oreille, les yeux soudain brillants d’envie.

 

_Seichiro : Tu n’as qu’à rejoindre nos rangs… Tu verras, ce n’est pas si douloureux que ça… Une petite morsure et tu seras bien plus qu’un simple humain…

 

             Le jeune homme resta un moment interdit puis sourit.

 

_Sébastien : Pourquoi pas après tout… ?

 

             Seichiro sourit à son tour, posa sa main sur la joue de son protégé tandis qu’il enlaçait sa taille de son autre bras et lui tourna doucement la tête, laissant le cou de Sébastien totalement à découvert. Ses yeux luirent d’une manière malsaine alors que ses crocs se rapprochaient dangereusement de la chair du jeune homme. Mais une voix derrière lui retint son geste et il s’éloigna de sa proie, fixant la personne qui l’avait interpelé.

 

_Myia : Bonjour Seichiro… Il me semblait que tu étais censé protéger ton invité et non en faire ton déjeuner ou un de tes serviteurs…

_Seichiro : Myia… Allons, tu ne vas pas me dire que, malgré ton côté angélique, le vampire qui est en toi n’a jamais une petite soif…

_Myia : Il y en a parmi les vampires qui savent se tenir… J’ai croisé Lliane tout à l’heure. Quand elle a su que je devais venir à la bibliothèque, elle m’a fait part de votre présence et d’une certaine inquiétude pour l’humain qui t’accompagne… Je ne sais pas si elle a des dons divinatoires, mais elle a vu juste.

_Seichiro : Sache chère collègue, que je me contrôle parfaitement. Pour ce que je m’apprêtais à faire, j’avais l’accord de Sébastien ; et c’était un moyen simple et rapide pour lui d’acquérir les pouvoirs nécessaires à son retour dans son monde.

_Myia : D’après ce que je sais, ça fait un moment que vous cherchez des informations ici. Vous n’allez pas me dire qu’avec tous ces ouvrages et tes connaissances, vous n’avez pas été fichus de trouver un autre moyen !

 

             Leurs regards se croisèrent et flamboyèrent. Ils n’allaient certes pas en venir aux mains ; ils avaient suffisamment de sang-froid pour ça, mais leurs auras prirent des proportions et une « densité » inquiétantes qui fit frissonner tous les élèves présents. Même Sébastien, pourtant incapable de ressentir cette énergie, pensa qu’il était temps de calmer les esprits.

 

_Sébastien : Si, nous avons trouvé quelque chose et nous avions pensé retrouver les autres ce midi pour leur en parler. Le problème est réglé…

_Myia : Dans ce cas… Nous avons tous pu constater que la plupart des humains et des créatures magiques ne peuvent cohabiter. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre l’équilibre de votre monde en danger en y introduisant des pouvoirs par votre intermédiaire…

_Seichiro : Ces capacités ne seront que temporaires. Au bout de quelques heures, ils seront à nouveau de simples humains.

_Myia : Tu vois quand tu veux…

_Sébastien : Nous allons devoir aller retrouver les autres… N’est-ce pas Sei ?

_Seichiro : N’écorche pas mon nom je te prie. Mais oui, il est temps pour nous de prendre congé. Je vais donner rendez-vous à Lliane dans la salle à manger.

 

             Seichiro tendit la main, paume ouverte vers le plafond. Une espèce de liquide noir sembla sortir alors de sa main et s’agiter pour prendre la forme d’une chauve-souris. Une fois assez grande, elle quitta son aspect liquide pour devenir un véritable animal et s’envola à travers un mur en quête de sa destinataire. Après quoi Seichiro se leva, fit un bref salut à Myia et sortit de la salle sans attendre Sébastien qu’il avait envoyé faire l’emprunt du livre. Le jeune homme s’empressa d’aller voir la bibliothécaire avant de courir derrière Seichiro, sous le regard quelque peu désabusé de Myia. Il sortit de la grande pièce silencieuse pour rejoindre le couloir animé par les nombreux élèves venant déjeuner. Il retrouva Seichiro, au bout d’une table pour 6 personnes qu’il avait détachée du reste. Il en refusait l’accès à une jeune fille quand Sébastien s’assit.

 

_Sébastien : Vous avez du succès auprès des femmes !

_Seichiro : Tu ne dois pas être mal non plus dans le genre…

 

             Ce n’est que vers midi et demi que Lliane arriva en compagnie de Rémi, Rémus et Shad, qu’elle était allée chercher en se téléportant. Ils s’assirent autour de beaux morceaux de poulet, des tranches de rosbif saignantes, diverses crudités, des pommes de terre sautées, des pâtes et des salades composées.

 

_Sébastien : Alors, ça s’est passé comment pour vous ?

_Shad : Il n’y avait pas grand monde, j’ai eu le temps de ranger pas mal de vêtements.

_Rémi : Les cours étaient intéressants. Les élèves m’ont regardé un peu comme une bête curieuse, mais aucun ne m’a embêté. Et toi ? Avez-vous trouvé quelque chose ?

_Sébastien : Oui, nous avons trouvé la solution.

_Seichiro : Je vais préparer une potion qui vous donnera des pouvoirs. Vous devrez en prendre un verre par jour pendant trente jours pour obtenir des pouvoirs pendant quelques heures. Le problème, c’est qu’il faudrait entraîner votre corps et votre esprit à contrôler vos pouvoirs au fur et à mesure. Ensuite, nous n’aurons qu’à recommencer le rituel que vous orienterez en pensant à votre monde.

_Rémus : Nous n’aurons qu’à nous prévoir des séances d’entraînement tous les matins.

_Lliane : Et vous devrez prendre la potion le soir pour que nous puissions faire le rituel de nuit.

_Rémus : Si vous vous entraînez au combat, nous devrions vous acheter des armes, comme ça vous pourrez vous défendre.

_Lliane : À quelle heure rouvres-tu, Rémus?

_Rémus : À quatorze heures trente.

_Lliane : Nous pourrions y aller juste avant alors. Viendrez-vous avec nous Seichiro ?

_Seichiro : Pourquoi pas… De toute façon je n’ai rien d’autre à faire et si je laisse Sébastien seul, Sanne et vous allez sûrement me faire une scène…

_Lliane : Notre compagnie est-elle si désagréable ?

 

             Elle le regardait en souriant pour le taquiner. Seichiro leva vers elle des yeux intrigués puis eut un soupir amusé.

 

_Seichiro : Comme si être en compagnie de deux jolies femmes pouvait être désagréable…

_Lliane : Alors c’est entendu ! En attendant, je suis retournée à la salle des professeurss avant de recevoir le message de Seichiro, et j’ai trouvé les clés de votre chambre dans mon casier. Je propose d’aller vous y installer après manger.

_Shad : Oui, pourquoi pas… De toute façon, ça ne prendra pas bien longtemps, nous n’avons pas grand-chose à installer.

 

             Ils passèrent un agréable déjeuner, Seichiro et Sébastien rivalisant d’éloquence sur divers sujets, tandis que Shad s’évertuait à casser les arguments de Sébastien en matière de religion, mais en faisant attention de ne pas partir en guerre.

N’ayant pas à se soucier de laver les plats et assiettes qui disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus une fois leur repas fini. Ils se levèrent alors de table, vers 13H30, pour rejoindre le troisième étage de l’aile droite du château. Ils passèrent devant les différentes chambres, jusqu’à trouver le nom écrit sur chacune des trois clés que Lliane avait remises à Shad, Sébastien et Rémi. Ils ouvrirent donc la lourde porte de bois sur laquelle était inscrit en lettres d’une glace qui ne fondait pas, le mot « Uranus », d’où s’échappait une vapeur glacée. Ils se retrouvèrent alors dans une salle emprunte de l’atmosphère glacée de la planète gazeuse qui tirait son nom du Dieu grec du ciel, père de Chronos, le temps, et grand-père de Zeus.

Une légère brume qui n’avait de froid que l’apparence recouvrait le sol. La table basse, les fauteuils, les trois lits simples, les trois armoires et autres mobiliers semblaient taillés dans la glace et une représentation mouvante du système solaire tenait lieu de plafond dont le Soleil servait de lustre. Chacun des trois espaces privés était séparé des autres par des paravents de pierre gravés de scènes  mythologiques représentant Uranus.

 

_Lliane : Ça vous plaît ?

_Sébastien : C’est magnifique !

_Shad : C’est clair…

_Rémi : Vous avez vraiment des chambres fabuleuses !

 

             Une fois le moment d’émerveillement passé, ils rangèrent les vêtements avec lesquels ils étaient arrivés, les pyjamas qu’on leur avait prêtés et leurs tenues de combat dans les armoires.

 

_Lliane : Voilà qui est fait, vous devriez avoir ce qu’il vous faut. Dans le cas contraire, venez nous demander.

_Seichiro : Et soyez galants messieurs, ne tentez rien de déplacé…

_Sébastien : Cela va sans dire, voyons !

_Rémi : C’est clair quand même, nous ne sommes pas des pervers !

 

             Sur ces bonnes paroles, Shad, Rémi et Sébastien prirent respectivement la main de Lliane, Rémus et Seichiro pour être téléportés en ville devant une boutique neuve mais sinistre dont l’enseigne, d’un noir inquiétant, arborait une épée couverte d’un sang rouge vif qui semblait alimenter les lettres du nom du magasin : « Stichwaffe ».

             Ils poussèrent la porte et n’entendirent pas la traditionnelle clochette qui annonçait l’arrivée d’un client, mais un gémissement, une plainte effroyable et triste, ne venant de nulle part à la place. Le vendeur leur lança alors de l’arrière-boutique un « j’arrive, j’arrive » dont la faible motivation n’avait d’égal que l’envie flagrante de les servir rapidement pour qu’ils débarrassent le plancher. Un grand corbeau noir vint s’installer sur le comptoir de bois précieux, sombre et brut qui faisait face à l’entrée ; bientôt suivit de son maître : Shiro.

Il s’adressa à sa clientèle sans lever les yeux tout de suite et d’un ton monocorde.

_Shiro : Bienvenue, qu’est-ce que je peux f… Ah c’est vous…

_Seichiro : Nous sommes venus chercher de quoi fournir nos invités en armes.

_Shiro : Pfeu ! Mes armes sont sans nulle autre pareille, mais elles ne font pas de miracle ! Même si je leur en vends, ils ne seront jamais bons à rien !

_Lliane : Nous ne te demandons pas de commentaires… Juste trois armes suffisamment faciles à manier pour des novices.

_Shiro : Et que pourrais-je refuser à une aussi bonne cliente qui se fournit régulièrement en armes basiques chez moi pour les travaux pratiques de ses cours… ? Mais, sérieusement, vous feriez mieux de vous débarrasser de ces rebus ! Pourquoi protéger des êtres qui ne sont bons qu’à nous persécuter et dont la seule force consiste à se reproduire comme des lapins pour pouvoir nous attaquer à cent contre un ?

_Seichiro : Dis-toi alors que s’ils restent en vie ils feront de bons garde-manger sur pattes et arrête là ta polémique.

 

             À l’exception de Shiro, toutes les personnes présentes regardèrent le professeur d’un mauvais œil, n’aimant pas sa remarque, même si elle avait eu pour but de faire taire le vendeur. Shiro soupira et passa de l’autre côté de son comptoir alors que les trois humains regardaient les articles accrochés sur tous les murs et posés sur des présentoirs un peu partout dans le magasin.

 

_Shiro : Avez-vous une idée de ce que vous voulez comme arme ? Enfin je suppose que ce ne sont pas vos connaissances en la matière qui vont vous aider à choisir…

_Shad : Tu es censé t’y connaître et pouvoir nous conseiller. C’est pour ça que nous sommes là…

 

             Shiro sentit la pression lui rosir les joues. Celle qui s’adressait aussi cyniquement à lui, en plus d’être une misérable humaine, l’avait frappé la nuit précédente sans qu’il ne puisse se venger. Mais Lliane pensa qu’il valait mieux calmer la situation.

 

_Lliane : Je pense que pour toi Shad, un katana serait très bien. C’est une arme qui peut se manier plus intuitivement que d’autres. Tu as de très beaux katanas Shiro… Lequel nous conseillerais-tu ?

 

             Shiro se détourna, mécontent, et prit brutalement un katana au manche et au fourreau rouge marqué par endroits de nuances brumeuses de noir, aux extrémités recouvertes d’argent massif, comme la garde, et avec deux serpents dans le même matériau qui enserraient le milieu du fourreau. Le manche faisait à peu près vingt-cinq centimètre pour une lame d’environ un mètre cinq. Il le lança à Shad. Lliane demanda à la jeune fille de sortir la lame et l’examina. En apparence, l’arme était de bonne qualité et ne libéra pas d’énergie magique dans les mains de Shad. Il dégageait pourtant une aura.

 

_Lliane : A-t-il un pouvoir spécial ?

_Shiro : La lame peut se charger de flammes pour devenir encore plus puissante ou en projeter, mais rien d’extraordinairement puissant. En plus, il faut le demander par la pensée ou les mots de façon claire au sabre, donc un débutant ne risque pas vraiment de déclencher un cataclysme par mégarde.

_Lliane : Parfait, nous le prenons. Et vous, avez-vous choisi ?

 

             La jeune femme s’adressait à Rémus et Rémi qui regardaient les armes en s’échangeant parfois des paroles à voix basse.

_ Rémi : Comme j’ai plus de forces dans les bras que Shad, nous avons pensé que je devrais prendre un petit bouclier et une épée suffisamment légère pour être maniée d’une seule main.

 

             Shiro lui lança alors un petit bouclier rond orné de flammes bleues claires sur fond blanc et une épée au manche et au fourreau assortis au bouclier et dont la lame à double tranchant faisait quatre-vingt-dix centimètres de long.

 

_Shiro : Je les ai récupérés sur le cadavre d’un jeune ange que j’avais tué. Tu peux faire un peu appel à la lumière divine avec ça,, mais n’espère pas non plus repousser un démon supérieur.

_Rémus : Parfait, je pourrai l’aider à apprendre à la maîtriser.

_Shiro : Et vous monsieur Springfield… Avez-vous choisi quelque chose pour votre toutou ?

_Sébastien : J’AI choisi ce cimeterre, là.

 

             L’arme désignée avait une longue lame courbe et entièrement noire et dégageait une faible énergie démoniaque. Shiro retourna derrière sa caisse et encaissa les sommes dues pour les armes et leur signifia que s’ils n’avaient plus rien à faire ici, ils devaient partir et que, lui, avait encore du travail. Ils ressortirent sans faire attention aux remarques de Shiro et firent à nouveau retentir l’affreux gémissement qui tenait lieu de clochette. Une fois dehors, Lliane fit apparaître trois petites bourses qu’elle offrit à Shad, Rémi et Sébastien qui les attachèrent à leur ceinture.

_Liane : Ce sont de petits sacs astraux, comme celui que je porte. Mettez vos armes à l’intérieur. Ça ne servirait à rien de vous les avoir achetées si vous ne les avez pas avec vous.

 

             Les bourses, ridiculement petites par rapport aux armes, les avalèrent pourtant facilement, sans pour autant changer de forme ou de masse du fait de leur nouveau contenu.

 

_Rémi : Bon… Quel est  le programme maintenant ?

_Rémus : Tu peux venir à la boutique avec moi, ça devrait être calme, je pourrai te montrer quelques-uns de mes produits.

_Rémi : Oui, c’est intéressant. Sur le forum, je ne poste plus beaucoup, ça pourrait me donner des idées et l’envie de m’y remettre.

_Shad : Moi je vais travailler.

_Lliane : Je t’accompagne si tu veux, je n’ai pas cours tout de suite.

_Shad : C’est gentil !

_Seichiro : Moi non plus je n’ai pas cours tout de suite. Je vais commencer à travailler sur la potion. Viens avec moi Sébastien.

_Sébastien : Ok, mais y’a-t-il moyen de faire la potion dans votre salle de cours ?

_Seichiro : Bien sûr…

_Sébastien : Alors nous n’avons qu’à y travailler, comme ça vous pourrez continuer à la surveiller pendant vos cours, vu que vous m’avez dit qu’il fallait deux bonnes heures pour qu’elle soit prête.

_Seichiro : Pas bête, ça nous fera gagner du temps… Tu surveilleras la cuisson des premiers ingrédients, j’aurai une petite affaire à régler.

_Rémus : Bon, nous, il faut que nous y allions. Nous nous reverrons plus tard.

_Shad : Amusez-vous bien si j’ose dire.

_Sébastien : À plus.

 

             Le groupe se sépara alors. Rémi s’engouffra dans une rue à la suite de Rémus, tandis que Seichiro et Sébastien  marchaient vers le château d’un pas nonchalant. Lliane et Shad les regardèrent s’éloigner en leur faisant des signes avant de se détourner pour rejoindre le croissant de la lune blanche à travers la foule.

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