La croisée des mondes - chapitre 9

Publié le par shadeikin

La croisée des mondes - chapitre 9

Chapitre 9 : Descente dans les ombres

                Deux jours passés chez les gorons avaient remis le groupe d’aplomb. Une fois la situation stabilisée, Tim avait pris deux gorons avec lui pour retourner au refuge dans lequel Raven avait été laissé. La cabane était vide, les liens qui avaient retenu le guerrier gisaient au sol. Il leur fallait repartir rapidement, Raven était un mercenaire, certainement enrôlé par un des Ganon ou un de leurs lieutenants pour s’occuper de leur cas. Le cœur lourd et inquiet, ils redescendirent de la montagne, chargés de vivres transportés par des gorons jusqu’à ce qu’ils retrouvent leurs chevaux.

                En longeant le fleuve qui prenait sa source dans le mont du péril, ils arrivèrent à un village où le cours d’eau devenait beaucoup plus calme, permettant la navigation avec des barges de transport. Quelques pierres précieuses des gorons permirent à Diane et à son groupe d’embarquer avec leurs montures sur le fleuve tranquille. Leur destination était la mer lointaine dans laquelle il se jetait. La mer et son rivage au sud du pays étaient le domaine d’un autre larbin des rois.  La traversée se faisait sans encombre, à l’exception de l’intervention de quelques octoroks aquatiques et zoras des rivières, rapidement mis en déroute à l’aide des boomerangs pour économiser leurs flèches.  La journée, ils péchaient avec plus ou moins de succès et si un petit gibier croisait leur route au soir lors du bivouac, il venait alors grossir leur repas afin d’économiser leurs rations de viande séchée qui pouvaient se garder à long terme.

Un soir, un nouveau campement, chacun avait son rôle. Tim était parti chercher du bois, Diane et Wind installaient la tente, le brun et Light sécurisaient les alentours, Sword préparait un lapin pour le dîner et Oracle commençait à allumer le feu à l’aide d’herbes sèches et de brindilles trouvées sur place. Le camp avait été installé dans une crique entourée de grandes roches pour que le groupe soit autant que faire ce peu à l’abri des regards. Alors que Wind terminait l’installation à l’intérieur de la tente, Diane alla rejoindre Oracle, l’air quelque peu sombre.

 

_Diane : Tiens-tu le choc ?

_Oracle : J’en ai vu d’autres…

_Diane : Tu sais, tout ce qu’il y a autour de nous semble très vrai, mais ce ne sont que des créations de Ran à partir de nos souvenirs. Ce n’était pas vraiment Raven.

_Oracle : Je le sais bien… Ne t’inquiète pas, je sais faire la part des choses.

_Diane : Tu as déjà pas mal encaissé pour ton âge… Le héros originel était vraiment exceptionnel, la réincarnation de son âme n’engendre que des êtres hors norme. C’est pour ça que je vous admire.

_Oracle : Tu nous admires ?

_Diane : Je suis même une sacrée fan ! Si j’avais mes pouvoirs… Si nous ne nous étions pas rencontrés dans ces circonstances… Je pourrais vous être plus utile.

_Oracle : Ne te mets pas à broyer du noir. Tu es loin d’être une petite chose fragile. Nous allons sortir de ce monde, rentrer chez nous et tu pourras venir me voir. Tu me montreras de nouveau tes magnifiques ailes. Je me souviens encore du jour où j’allais à travers Holodrum, j’ai bien failli faire une sacrée chute dans Subrosia et là, j’ai eu l’impression de voir un ange, un ange qui m’a pris dans ses bras et m’a fait descendre en douceur vers le sol. Tu apparaissais toujours de nulle part, m’offrant un abri pour la nuit, un repas, une protection contre les intempéries.

_Diane : Je n’ai pas fait grand-chose… J’avais trop peur d’altérer le fil de ton histoire.

_Oracle : Moi je trouve que c’était beaucoup. Il est vrai que tu n’es pas souvent intervenue dans les combats, mais j’avais la sensation de n’être jamais seul. Et quand tu intervenais, tu avais une sacrée classe.

 

                La jeune fille rougit à tous ces compliments, puis ils se fixèrent du regard avant de rire de bon cœur. Ils étaient un peu comme frère et sœur, voulant chacun soutenir l’autre. Tous les autres se rassemblèrent bientôt, à l’exception de Tim qui tardait à revenir de la collecte du bois.

A quelques centaines de mètres de là, un petit bois offrait une réserve de combustible idéale. Tim s’y était aventuré et y avait trouvé son bonheur. Chargé de son butin, il se mit en marche vers le campement. Le bois n’était animé que de rares bruissements de petits animaux dans la végétation et du bruit du léger vent dans les feuilles des arbres à travers lesquels filtraient les derniers rayons du soleil couchant. Tim se hâta pour profiter de cette lumière mourante, mais quand le soleil disparut totalement sous l’horizon, ne laissant qu’une faible lueur dans le ciel, l’air devint malsain autour du jeune homme. Tim lâcha alors son bois,  saisit la garde de son épée et une ombre menaçante engloba alors le bois tout entier.

                Diane leva les yeux du feu qui commençait à prendre, dévorant les maigres branches trouvées au bord du fleuve. Inquiète, la jeune fille se leva et décida d’aller chercher Tim qu’elle trouvait long à trouver du bois.

 

_Diane : C’est trop long, Tim devrait déjà être revenu… Je vais le chercher.

_Le brun : Tu t’en fais trop… C’est le plus fort d’entre nous, ce ne sont pas quelques branches qui vont venir à bout de lui.

_Diane : Dois-je te rappeler pourquoi ce monde a été créé ?

_Le brun : Je sais, mais regarde, je vois d’ici ton chéri revenir.

 

                Diane regarda dans la direction indiquée  par-dessus les rochers qui entouraient le camp et vit effectivement la silhouette du héros du temps revenir vers le campement, chargée de bois.

 

_Diane : Tu en as mis du temps…

_Tim : Désolé, des monstres m’ont retardé, ils étaient un peu nombreux, mais rien d’alarmant.

_Sword : Pose vite le bois, je vais faire prendre quelques grosses bûches.

 

                Le jeune homme s’exécuta et le repas commença. La bonne humeur fut de mise grâce à l’abondance des ressources et au confort relatif apporté par leur équipement. Les dernières lueurs du jour s’éteignirent et la pleine lune commença à se lever, apportant une lumière réconfortante dans la nuit. Une fois le repas terminé, cette lumière permit à Diane de s’isoler suffisamment pour pouvoir assouvir un besoin naturel sans être gênée par sa pudeur. Avant de revenir, elle s’approcha de la rive pour se laver les mains et le visage. Alors qu’elle s’apprêtait à se relever, elle perçut un mouvement derrière elle grâce au reflet sur la surface de l’eau. Elle se retourna brusquement, saisit le bras de l’importun et l’envoya à terre, le maintenant avec une clé de bras. Sa victime protesta avec une voix qu’elle connaissait bien et à la lumière de la lune, elle reconnut Tim qu’elle lâcha en s’excusant.

 

_Diane : Et sinon, que faisais-tu là ?

_Tim : Même si les monstres que j’ai croisés n’étaient pas très dangereux, il vaudrait peut-être mieux que tu ne partes pas seule, surtout sans ton épée.

_Diane : Je n’étais pas bien loin et comme tu as pu le remarquer, je sais me débrouiller.

_Tim : Je sais bien, mais je ne supporterais pas qu’il t’arrive quelque chose.

 

                Diane garda le silence et détourna le regard, à la fois gênée et préoccupée. Elle s’approcha d’un grand arbre, détachant une de ses feuilles pour la tordre nerveusement entre ses doigts. Elle voulut reprendre la parole, mais Tim se rapprocha et la prit dans ses bras en entourant sa taille. D’abord figée par l’étonnement, Diane desserra cette étreinte et se retourna pour le faire s’éloigner. Mais Tim saisit le bras avec lequel elle le repoussait, la plaqua contre l’arbre en la tenant serrée à la taille avec son deuxième bras et l’embrassa fougueusement. L’espace d’un instant, Diane se laissa porter, elle ne pouvait pas nier qu’elle l’aimait ; mais la raison finit par l’emporter et elle rompit le baiser, le cœur au bord de la rupture et le souffle court.

 

_Diane : Nous ne pouvons pas faire ça…

_Tim : Et pourquoi pas ?

_Diane : Tu as une destinée et moi, j’ai déjà fait pas mal de dégâts ailleurs et j’ai des choses à régler.

_Tim : Au diable le devoir, le passé ou je ne sais quoi ! Tu en as envie toi aussi, je l’ai bien senti. Alors profitons de la vie !

 

                Il se plaqua encore davantage contre elle et l’embrassa dans le cou comme un forcené, caressant sa joue d’une main et plaquant leurs bassins l’un contre l’autre avec l’autre. Diane fut prise de frayeur, ne reconnaissant pas dans ces agissements le héros qu’elle connaissait. Elle voulut se débattre et protester, mais il la fit alors basculer à terre, bloquant ses poignets et commençant à défaire sa ceinture. C’est alors qu’un cri les interrompit.

_Tim : Lâche-la tout de suite !!!

 

                Diane regarda avec effarement un deuxième Tim qui sortait des buissons, visiblement blessé. Son sang ne fit qu’un tour. La stupéfaction et le fait qu’elle ne voulait pas faire de mal à son ami passèrent en un instant. Elle ceintura son agresseur avec ses jambes, le fit basculer et lui décocha une droite en plein visage avant de s’éloigner de lui. Il se releva tant bien que mal en laissant entendre un petit rire malsain. Sa peau s’assombrit, de même que ses vêtements et ses cheveux, jusqu’à avoir un épiderme gris et des cheveux et vêtements noirs. Il rouvrit ses yeux devenus écarlates.

 

_Dark Link : Je pensais t’avoir eu, mais quand tu as disparu, j’aurais dû te poursuivre pour t’achever.

_Tim : Je ne suis pas si facile à tuer.

_Dark Link : Je vais remédier à ça… Et après, je pourrai m’amuser…

 

                Il sortit son épée, devenue sombre elle aussi et  s’élança sur Tim qui para avec sa lame. Les deux jeunes hommes commencèrent à se battre quand Dark Link  se sentit tiré en arrière et fut envoyé au sol. Il n’eut pas le temps de se relever que Diane avait saisi sa baguette de feu dans sa bourse pour lui envoyer un jet de flammes qui le fit hurler de douleur. Tim put alors l’achever avec son épée et Dark Link tomba en poussière.

Le remue-ménage avait rameuté les autres membres du groupe qui trouvèrent Tim blessé soutenu par Diane. Ils retournèrent tous au campement et pansèrent les plaies de Tim qui leur raconta toute l’histoire.

 

_Light : L’une des plaies est assez profonde… La potion de soin a bien arrangé les choses, mais j’ai peur que ça ne suffise pas.

_Oracle : J’ai regardé sur la carte, il y a une fontaine de grande fée non loin d’ici. Nous devrions l’y emmener, ce serait plus sûr.

 

                Tim resta allongé tandis que les autres rangeaient le camp. Il se mit péniblement en selle et ils firent route à la lumière de leurs torches. Comme l’avait annoncé Oracle et grâce aux indications apportées sur la carte par la grande fée des bois perdus, ils arrivèrent à la fontaine au bout d’une bonne demie heure de trajet.

Sur place, la grande fée connaissait leur existence grâce à son homologue de la forêt. La grotte était baignée d’une douce lumière blanche semblant provenir du bassin d’où la fée était apparue. Tim fut plongé dans cette eau bénie et la grande fée se servit de ses pouvoirs pour refermer toutes les plaies. Le sang qui en coulait et qui avait imbibé les vêtements disparut lentement.

Ils passèrent le reste de la nuit dans la grotte, pouvant même dormir tous en même temps, protégés par les petites fées qui servaient la grande et montaient la garde. Diane avait allumé un feu à l’entrée et aida Tim à sécher ses vêtements pendant que les autres s’étaient déjà endormis.

 

_Tim : Je suis désolé.

_Diane : De quoi ?

_Tim : C’est à cause de moi que Dark Link a pu s’infiltrer dans le camp en prenant mon apparence… Quand je suis revenu, il t’avait plaquée au sol… Il t’a forcée, non ?

 

                La jeune fille leva les yeux vers son ami qui ne portait plus qu’un caleçon et la regardait droit dans les yeux, l’air préoccupé. Elle se sentit rougir et se détourna.

 

_Diane : Il a juste eu le temps de m’embrasser, je m’en remettrai.

 

                Tim sentit l’émotion le submerger, il se sentait furieux d’avoir laissé ces évènements se produire et ne put s’empêcher d’imaginer ce démon avec son apparence enlacer et embrasser Diane. Il commença à entrevoir ce qui serait arrivé s’il était arrivé plus tard. Il se rappela également le moment où, dans le volcan, il s’était retrouvé collé à elle, bloqué par un rocher. Doucement, il tendit les bras pour lui enlacer la taille et se serra contre son dos.
 

_Tim : Pardonne-moi.

 

                Troublée, Diane marqua un temps d’arrêt, puis posa une de ses mains sur celles de Tim tandis que l’autre lui caressait les cheveux en signe de réconfort.

 

_Diane : Ne te mets pas dans un état pareil, je vais bien. Tu n’as rien à te faire pardonner.

 

 

 

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